jeudi 5 juin 2008

Appel du Professeur Nesterenko pour la survie de l'institut Belrad

Appel du Professeur Nesterenko

Pour la survie de l’Institut Belrad

En accueillant l'invitation de venir à Lyon les 15 et 16 mai 2008 à la Conférence que la Région Rhône-Alpes consacre à la catastrophe de Tchernobyl, le professeur Vassili Nesterenko a signalé à M. Christophe Bisson, organisateur de cette conférence, la gravité de la situation sanitaire dans les territoires contaminés du Bélarus pour les enfants et l'a prié de transmettre à Madame Hélène Blanchard, Vice-présidente du Conseil Régional, sa demande de l'aider à trouver des financements pour un projet de radioprotection qu'il lui a adressé. Le professeur Nesterenko a commenté sa requête en ces termes:

"Vingt deux ans sont passés depuis l'accident de Tchernobyl. La catastrophe sanitaire chez les habitants des territoires contaminés s'aggrave d'année en année. L'analyse de la radioprotection de la population, en particulier des enfants, montre le grand manque de projets internationaux de protection radiologique des enfants au Bélarus. Au cours des années passées, je suis venu de nombreuses fois à des conférences dans les pays riches d'Europe occidentale, et j'ai informé sur la situation dramatique de nos enfants et sur les travaux de l'Institut Belrad que je dirige pour les protéger, mais en dehors de discours et de promesses je n'ai obtenu aucun soutien financier de la part des institutions internationales aux projets que j'ai présentés. Les participants européens du projet CORE (coopération et réhabilitation) s'opposent avec toutes sortes de prétextes pseudo-scientifiques au financement de l'additif alimentaire anodin à base de pectine pour les enfants, dont l'efficacité pour l'évacuation accélérée des radionucléides de l'organisme est démontrée depuis de nombreuses années. Les experts occidentaux recueillent les données, mais n'aident pas les enfants. Du point de vue de l'éthique médicale il est inadmissible de mesurer de fortes charges radioactives de césium-137 dans l'organisme des enfants sans leur fournir une cure prophylactique de pectine. Nous réalisons une faible partie des projets nécessaires avec notre association française "Enfants de Tchernobyl Bélarus" (président professeur M. Fernex), mais les moyens de l'association sont insuffisants. De nouveaux projets de radioprotection des enfants sont nécessaires dans six régions parmi les plus contaminées. Je vous envoie la proposition d'un tel projet et je vous prie d'étudier avec Madame Hélène Blanchard, Vice-présidente de la Région Rhône-Alpes, la possibilité pour le Conseil Régional de participer dans un tel projet et de le financer.

Nous devons montrer l'utilité pour les enfants de Tchernobyl d'une conférence comme la vôtre. Après toutes ces années de souffrance de nos enfants, nous limiter à fournir seulement de l'information, sans utilité pour eux, serait immoral.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me répondre au plus rôt.

Professeur V.Nesterenko"

Pièce jointe. - Projet : "Diminution de l'irradiation radiologique des habitants des districts de Leltchitsy, Elsk, Narovlia et Vétka de la région de Gomel du Bélarus, au moyen du suivi radiologique, de l'éducation radiologique permanente et de la radioprotection".

***

Le professeur Vassili Nesterenko, académicien de la République du Bélarus, dont la compétence scientifique est reconnue tant au niveau international qu'au Bélarus, est un témoin qui connaît et vérifie par ses travaux la gravité des conséquences actuelles et futures de la catastrophe de Tchernobyl pour la santé des populations. Il a le rare mérite de dire ouvertement ce qu'il voit comme physicien et expert en radioprotection, sans craindre de critiquer la politique du ministère de la Santé de son pays, qui minimise les conséquences sanitaires de la Catastrophe, désinforme le gouvernement et fait obstacle à ses travaux par des mesures arbitraires. Il faut savoir que le ministère de la Santé de Minsk est le pourvoyeur officiel des données "validées" de l'AIEA de Vienne en matière de radioactivité et de ses effets sur la santé dans les territoires de Tchernobyl.

Sous une forte pression administrative, politique et scientifique l'Institut Belrad que Nesterenko a fondé, le seul indépendant au cœur des territoires contaminés, résiste dans l'isolement d'un véritable état de siège de fait, organisé ad hoc contre lui à l'Est comme à l'Ouest. Il ne subsiste, pour le moment, dans cet étau que grâce à l'aide fragile et insuffisante de quelques associations de la société civile occidentale, formées de citoyens peu nantis. (Dix collaborateur, sur les 45 qui formaient son institut à l'origine, ont dû quitter Belrad à cause de salaires trop bas par rapport au coût de la vie à Minsk.)

Personne ni rien n'est irremplaçable, dit-on banalement dans notre monde en mutation permanente. Aussi, le jour où cet instrument de radioprotection efficace et de connaissance objective de la réalité aura disparu à cause de l'incapacité des riches du monde dit "libre" de s'unir et de faire converger sur lui leurs possibilités, peu d'esprits se rendront compte de la chance exceptionnelle que le cordage et la détermination de ce scientifique expérimenté ont représenté pour tous. Sans lui nous ne saurions rien de des dimensions et de la gravité de la contamination dans les villages du Bélarus, ni de ce qui nous attend tous, lors du prochain "accident majeur" que l'Agence internationale pour l'énergie atomique elle-même prévoit. Il n'y aura plus d'armée des "liquidateurs" sacrifiés par le régime totalitaire de l'URSS pour maîtriser de quelque manière les éléments déchaînés, limiter les effets de la catastrophe. Les descendants de notre génération seront étonnés de notre inconscience.

Suite à la catastrophe de Tchernobyl il a été démontré par des travaux sur les campagnols des champs des territoires relativement peu contaminés (ces animaux se reproduisent beaucoup plus rapidement que les humains) que l'instabilité du génome se transmet de la mère au petit en s'aggravant et en se compliquant jusqu'à la 22ème génération observée1. Il s'est avéré que le taux de mutations d'un gène transmis est plusieurs centaines de fois supérieur à ce que l'on connaissait à ce jour dans le règne animal. Comme l'homme et les rongeurs se comportent sur le plan de la génétique de façon comparable, ces données ont amené le Prof. Hillis de l'université du Texas, à terminer l'éditorial dans la revue Nature du 25 avril 1996, sur ce sujet par cette phrase: " Aujourd'hui nous savons que le pouvoir mutagène d'un accident nucléaire peut être beaucoup plus grave que suspecté jusqu'ici, et que le génome des eucaryotes peut présenter des taux de mutations jusqu'ici jamais considérés comme possibles".2

Pour être moralement et politiquement sincère et cohérente, l'invitation que Madame Mireille Musso, ambassadrice de France et d'Areva à Minsk, vient d'adresser aux autorités biélorusses de garantir la sécurité radiologique aux populations, - au moment où elle offrait la collaboration de la France à la construction d'une centrale atomique dans le pays le plus atteint par la catastrophe de Tchernobyl (cf. pièce jointe), - devrait être accompagnée au moins du soutien politique et financier de la France aux travaux de radioprotection et d'information indépendants de l'Institut Belrad. Est-ce vraiment déraisonnable de le prétendre? Le coût pour le budget de l'Etat français ne serait certainement pas prohibitif et les risques inhérents à ce type d'opération serait mieux connu par tous et pour tous.

Wladimir Tchertkoff, secrétaire adjoint

"Enfants de Tchernobyl Bélarus" - Origlio (Suisse), le 12 février 2008

Déclaration de l'ambassadrice Mireille Musso

La France comprend l'opportunité de construire une centrale nucléaire au Belarus, Mireille Musso ambassadrice française l'a affirmé à une conférence de presse lundi 11 février 2008 à Minsk.

Elle a dit que la question était de première importance dans le contexte des efforts pour diversifier les sources d'énergies

Mme Musso a rappelé qu'en 2006, l'ambassade a organisé un voyage pour une délégation du Belarus en France, où ceux -ci ont pu rencontrer des dirigeants du géant Areva de l'industrie nucléaire Française

Elle a affirmé que l'ambassade pourrait aider à renforcer les contacts avec la compagnie industrielle Française.

Elle a affirmé que les autorités Françaises pourraient être intéressées dans une coopération avec le Belarus pour la sûreté nucléaire en collaboration avec l'AIEA

L'ambassadrice a exprimé son espoir que les autorités Belarus prendraient toutes les mesures pour s'assurer de la sûreté du réacteur.



1 Goncharova R.I. & Ryabokon N.I., Dynamics of gamma-emitter content level in many generations of wild rodents in contaminated areas of Belarus. 2nd Intern. 25-26 Octobre 1994, Conf. "Radiobiological Consequences of Nuclear Accidents"

2 Extraits du texte de Michel Fernex "La catastrophe de Tchernobyl et la santé" - Mai 2000. www.tchernobyl.verites.free.fr

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